• Roz Quénibenn s'en va par les chemins
    Des hortensias rouges à la main
    Roz Quénibenn s'en vient à ma main
    Roz, rose rozenn Quénibenn



    Elle est peut être à la pointe de Cosmeur
    Ou bien encore cachée derrière les hortensias roses
    Elle joue avec mon cœur bien trop frêle

    Je lui cueillerai des fleurs parfumées à Roz
    Des hortensias rouges ou des hortensias blancs
    La houle l'emporte vers les îles dorées qui s'égrènent au large

    Elle s'exile souvent dans les ajoncs voilés du matin
    Montagne blanche encore assoupie dans le ventre du vent
    Je la retrouve souvent dans les plis ronds des collines

    Elle ouvre ses yeux de granit irisés et lumineux
    Elle cueille quelques varechs séchés au bord de l'eau
    Puis se confond à la corolle d'une fleur de pommier

    Parfois, elle se fond dans l'émeraude des eaux
    Ou même dans le blanc des plages de sable
    Ses longs cheveux s'évaporent dans une dentelle

    Elle pleure souvent dans les rides des vagues
    Chasse des perles de sel égarées au fond des yeux
    Et soudain laisse flâner un sourire d'ange ou démon.

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  •  

    Tous les matins, je lave la terre
    Dans l'évier.
    Je brosse, râpe et lime les aspérités,
    Je nettoie le sang rouge mêlé d'ocre,
    Je lave les cerveaux crasseux ou pâles
    Trépanés ou bien défoncés.
    Je laisse tremper tous les péchés, à cœur.
    Je rince et laisse sécher les âmes épurées.

    Tous les matins, je lave la terre
    Dans l'évier
    Dans les eaux fumantes et grasses
    Les peaux se mélangent et déteignent.
    Je retire les balles perdues des corps,
    Corps étrangers blottis au cœur.
    Je lave les vies que la mort entreprend,
    Enfants, adultes ou vieillards égorgés.

    Tous les matins, je lave la terre
    Dans l'évier.
    J'essuie les traces de malheurs,
    Quelquefois un sourire sur des lèvres
    Encore tièdes, rondes et belles,
    Une fleur rose cachée dans une main.
    Je lave le vomi des peuples torturés,
    La cruauté des seigneurs ou des vassaux.

    Quand tout est fini, je prends l'éponge
    Je rince et je rince, par routine parfois,
    Là haut, de peur que la bête ne revienne,
    Je lance les scories et les poussières,
    Dans les vents qui balayent l'univers
    De sifflements, d'éclairs et de lumières

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  • J'ai tendu un fil,
    arc d'étincelles
    entre lune et soleil,
    Nuit mêlée de jour.
    J'y ai accroché la terre,
    des larmes ont coulé
    le long de rivières,
    et de gorges,en abondance.
    Maintenant,tout est sec,
    désséché puis poussière.
    Le magma soudain stérile
    accouche d'une tombe.
    Eclipse de mon port,
    J'attache un fil.

    Adieu terre.

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  • Jaurès s'effondre et la guerre éclate.
    Les hommes garances, Joffre à la guerre.
    Gallieni presse les taxis automates,
    Nivelle plie au chemin, Verdun vaut l'enfer.

    Cendras laisse un bras dans la casemate,
    Péguy et les autres vers le cimeti-ère.
    Dans les champs de Jean la moisson se dilate,
    Foch à Saint-Gond, des vies dans les tourbi-ères.

    Les hommes vont vers la Marne et se battent,
    Proust écrit toujours, le Goncourt il espère,
    Le rude Clemenceau que le tigre flatte.

    Les mères silencieuses et volontaires,
    Mata Hari, divine puis scélérate !
    A Paris, la môme Piaf met pied à terre.

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  • Lorsque dans le marais tremble le roseau
    Où à l'ombre du soleil se cache la pluie,
    Elle surgit, la fée blanche belle inconnue,
    A travers les brumes diaphanes et humides,
    Chevauchant au gré des vents venus de la mer,
    Les ajoncs aux reflets bleus et les blés blonds
    Cachée dans le plumage d'un fou de bassan.

    Les embruns lourds cinglent les visages hâlés
    Des pêcheurs en peine au large d'Islande
    Elle vacille, la fée blanche belle inconnue,
    Un grain de sel perdu au fond des ses yeux,
    Se hisse au gré des courants à la crête des vagues
    Puis fière et volontaire se cache dans le chalut
    Quand les hommes hissent la pêche en douleurs.

    Par delà les terres brumeuses de Visnonia et d'Ava
    Où le chevalier arbore sa fière monture fougueuse
    Elle apparaît encore, la fée blanche belle inconnue,
    Un brin d'herbe dans ses cheveux d'or et de soie
    Et en selle sur les vents pénètre les landes et marais
    Guidant le jeune prince vers sa jeune et belle dulcinée
    Qu'un père nourrit encore de son dur labeur quotidien.



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